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par EXCLUSIVEMENTMOI » mer. août 15, 2012 11:05 am
Mercredi15 août 2012
Saab aura un procès à 3 milliards en guise de requiem
Pierre-Alexandre Sallier
GM est attaqué pour avoir refusé tout rachat par une société chinoiseC’est l’histoire d’un baroud d’honneur. Victor Muller, patron des ateliers néerlandais assemblant les berlinettes Spyker, achève sa tentative désespérée de sauver Saab par une signature. Au bas d’une plainte, déposée il y a une semaine auprès d’un tribunal du Michigan. Afin d’arracher 3 milliards de dollars à General Motors (GM), propriétaire durant dix ans du constructeur suédois. C’est la valeur qu’aurait, à l’en croire, représentée Saab en 2016; s’il avait pu la faire revivre avec Zhejiang Youngman Lotus Automobile. Si le géant américain n’avait pas «écrasé tout financement ou accord permettant de sauver Saab de la liquidation, par tous les moyens possibles, pour pouvoir éliminer la concurrence, en particulier en Chine», accuse Victor Muller.
Touche pas à ma plateforme
Tout au long de sa plainte, le récit des derniers mois de ce symbole discret du luxe à la suédoise ne reflète pas simplement l’exécution par un GM en pleine débâcle – après Pontiac, ou Oldsmobile – d’une marque lui ayant fait perdre de l’argent dix ans durant.
Elle illustre surtout l’opposition irréductible de l’empire de Detroit à laisser Spyker livrer à un constructeur chinois ses propres «plateformes», sur lesquelles étaient tendues les carrosseries des Saab – des ensembles châssis-boîte-moteur standards représentant des milliards de frais de conception. Vaisseau amiral d’une marque déjà déclinante, la 9-5 sortie en 2010 était autant saluée pour ses lignes que pour la plateforme d’Opel Insignia – routière allemande reconnue – sur laquelle elle reposait: transmission intégrale, boîte séquentielle, châssis affûté, V6 moderne…
«Les objections de GM à ne pas laisser ces éléments aux mains des Chinois – qui sont loin de toujours reconnaître les brevets comme ils le devraient – étaient déjà inscrites dans l’accord initial avec Spyker, aux juges de trancher si ces objections étaient illégales», réagit Tom Muller, analyste chez Theodoor Gilissen Bankiers à Amsterdam. En effet, dès le transfert de Saab à Spyker, début 2010, GM imposait, son accord exprès pour toute «production ou assemblage sous licence en République populaire».
Problème pour le téméraire Néerlandais ayant voulu sauver les belles de Trollhättan: après le refus de BMW ou de Tata, seuls des groupes chinois comme PangDa ou Youngman semblaient prêts à l’épauler. Ceux-là mêmes à qui GM interdisait l’accès à ses technologies. Et donc à la production de Saab. Pour une raison évidente. La moitié des 1,2 million de véhicules écoulés en Chine par l’ex-numéro un mondial sont badgés Buick. Une marque «premium» – comme Saab – dont le modèle phare, la Regal, est une autre itération de la solide plateforme de l’Opel Insignia.
C'est toujours un plaisir