Dans L'Automobile Magazine N°790 de Mars 2012
Rubrique Le Monde de l'Auto page 24
"Où en est SAAB?"
Jul Tomte, le lutin qui officie en Suède à Noël, n'a rien pu faire. Les stryges de GM ont à nouveau frappé SAAB, l'acculant au dépôt de bilan. Une faillite qui ne clôt pourtant pas l'histoire du Suédois. Explications avec Philippe Van Der Meulen de SAAB France.
Incapable de faire dructifier SAAB en vingt ans de piteuse gestion, General Motors n'a rien trouvé de mieux que de bloquer, in extremis, la vente du Suédois aux Chinois Pang Da et Youngman. Bien implanté sur ce marché avec ses Buick Excelle (une Astra adaptée) et Regal (l'Insignia), l'Américain craignait, avec une telle cession, de faciliter le travail à ces éventuels sino-concurrents. Une couardise que Ford n'a pas eue en vendant Volvo à Geely et qui précipite des milliers de salariés Suédois et autres au chômage. Aujourd'hui, ce qui reste du constructeur de Trollhättan est entre les mains de ses trois administrateurs judiciaires.
Selon l'un d'entre eux, Hans Bergqvist, "cinq repreneurs sérieux" seraient toujours en piste parmi les différents qui se sont manifestés depuis le dépôt de bilan du 19 décembre dernier.
Aucun nom ne filtre officiellement, mais des proches de Youngman, de l'Indien Mahindra et de Brightwell (une holding Turque) se montrent plus diserts. Toutefois, l'avenir ne sera statué que le 14 avril prochain, après la décision du tribunal de Vänersborg.
En attendant, Philippe Van Der Meulen, patron de SAAB France, reste fidèle au poste pour ses clients et ses concessionnaires.
LAM:
"Peut-on encore acheter une SAAB neuve?"
P. VDM: "Bien sûr. Il doit rester une petite quarantaine de voitures dans notre réseau.
Mais ceux qui pensent que c'est la braderie se trompent. Des conditions peuvent être octroyées.
Toutefois, la demande reste finalement forte vu les stocks existants. On reçoit près d'une soixantaine
de demandes de certificat de conformité par mois de clients qui sont allés chercher leur SAAB à
l'étranger."
LAM:
"Qui va assurer l'entretien?"
P. VDM: "Notre réseau est toujours en place et devrait se maintenir jusqu'à la décision définitive des juges
Suédois. Car une marque, ce n'est pas seulement une usine, un logo, c'est aussi un outil de
distribution. C'est un élément clé pour beaucoup d'investisseurs. Parallèlement, nous mettons en place
une filiale Française de SAAB Parts, qui garantira la disponibilité et le diffusion des pièces techniques ou
d'éléments de carrosserie à l'avenir. De telles structures viennent déjà d'ëtre créées au Royaume-Uni
et aux Etats-Unis. Ce que peu de gens savent, c'est qu'en Suède, SAAB Parts AB est tout à fait
profitable. C'est d'ailleurs cette structure qui a servi de caution au prêt de la Banque Européenne
d'Investissement."
LAM:
"Qui peut reprendre SAAB?"
P. VDM: "Je suis incapable de vous le dire. La mise en faillite ne signifie pas la mort du petit chat. Au contraire,
le passif social de l'entreprise a ainsi été effacé. Les administrateurs cherchent donc un repreneur pour
l'intégralité des actifs [NDLR: chaînes de montage, brevets SAAB, nouvelle plate-forme Phoenix,
réseaux de distribution....] et, surtout, à maintenir la production en Suède. Ce qui surprend, c'est la
diversité, tant géographique qu'industrielle, des investisseurs qui s'intéressent au dossier"
Propos recueillis par Stéphane Meinier
Une photo de la chaine de montage d'où finissent d'être assemblées des 9-5NG, et le texte suivant au bas de la page "Plus question de voir des 9-5 sortir des chaînes de SAAB. Néanmoins, il n'est pas impossible que la production automobile y reprenne"
Un grand merci à Philippe Van Der Meulen ainsi qu'à Frédéric Jost que j'ai eut le plaisir de rencontrer au meeting du 15 janvier à Salon-de-Provence, et toute l'équipe de SAAB France de rester aux commandes. Je leur souhaite personnellement bon courage et de surtout tenir bon quoi qu'il advienne, et je leur suis reconnaissant pour tout ce qu'ils font pour que notre marque préférée puisse continuer à vivre en ces temps tourmentés.
Longue vie à SAAB
