Revue automobile médicale - n° 494 Novembre 2010
Article intéressant sur Saab et la 9-5. Dommage que que le filon du BioPower ne soit pas exploité. http://www.acmf.asso.fr/conseil5_b.asp
SAAB, MERCEDES, DACIA ET LES AUTRES
Il y a un an, pas plus, personne n’aurait misé un kopeck sur l’avenir de Saab. La marque suédoise, lâchée en 2009 par son propriétaire américain General Motors au plus fort de la crise, semblait vouée à disparaître comme tant d’autres avant elle. Mais voilà, Saab n’est pas n’importe quelle marque. On lui doit entre autres la mise au point de la turbo-compression appliquée aux petits moteurs – ceux qui équipent nos voitures particulières – et un avant-gardisme incontestable pour les questions touchant à la sécurité. Encore aujourd’hui, les assureurs américains classent régulièrement la marque en tête de leurs statistiques concernant la protection des passagers en cas d’accident.
Le repreneur hollandais Spyker, aujourd’hui patron de Saab, savait bien sûr tout cela. Il savait aussi que dans les cartons de la fi rme se trouvaient au moins deux projets aboutis : la nouvelle 9-5 et un 4x4 de type SUV, baptisé 9-4. Deux voitures dont les investissements de développement et d’industrialisation étaient d’ores et déjà payés par le précédent propriétaire. Restait donc, pour simplifier, à faire la « soudure », c’est-à-dire lancer la production en série de la voiture dans l’usine mère de Trölhattan, tout en réorganisant la production de la 9-3, dont toutes les versions (berline,break et cabriolet) sont désormais groupées au sein de cette usine.
La nouvelle aventure Saab pouvait alors commencer ! Et pour célébrer dignement l’événement, nous vous offrons un essai complet de la nouvelle 9-5, dans sa version 2 litres turbo 220 ch, « l’essence » même de l’esprit Saab. Comme vous le constaterez, la magie opère toujours…
Nouvelle 9-5
La nouvelle 9-5 ne fait pas dans la demi-mesure. Imposante avec ses 5 m de longueur, lisse comme un galet et dotée des derniers perfectionnements technologiques (transmission intégrale notamment), elle se pose en concurrente des Audi A6 et autres BMW Série 5. Essai de la version 2.0 Turbo BioPower, qui constituera le coeur de la gamme essence.
PANORAMA NOUVEAUTÉ SAAB 9-5 2.0 TURBO BIOPOWER XWD BVA 6 AERO - ROUTIÈRE
La nouvelle 9-5 revient de loin. Elle a bien failli ne jamais voir le jour, lorsque la maison-mère d’alors – General Motors – avait décidé de démanteler cette marque suédoise, qu’elle avait pourtant dans son portefeuille depuis plus de 15 ans. Le miracle est arrivé par la voie de Victor Mûller, patron d’une minuscule, mais très exclusive marque hollandaise de bolides nommée Spyker. Le tour de table financier enfin réuni, il décide de relancer au plus vite la production en la concentrant dans l’usine mère de la marque, sise à Trölhattan, au nord de Göteborg. Un site ultra-moderne et polyvalent (grâce – il faut le souligner – aux investissements consentis régulièrement par General Motors), d’où sortent désormais les berlines et break 9-3, mais aussi les cabriolets qui jusqu’à très récemment sortaient d’une usine sise en Autriche.
C’est donc tout naturellement que la nouvelle 9-5 s’est installée sur les lignes de l’usine Saab Spyker. Et si elle arrive à un moment de rupture, elle affiche néanmoins une réelle continuité technique, pour la simple raison qu’elle a été entièrement développée sous l’ère GM. Elle puise donc largement dans les organes du géant américain, en reprenant pour son compte la plateforme (rallongée) et les mécaniques de l’Opel Insignia. Cela dit, bien malin celui qui pourrait déceler à l’oeil nu cette parenté, car les géniteurs ont eu carte blanche pour différencier clairement la 9-5 de sa roturière ascendance. De fait, on est impressionné lorsque l’on découvre cette imposante berline qui s’étire sur plus de 5 mètres, soit entre 20 et 25 cm de plus qu’une Mercedes Classe E ou une Audi A6.
C’est une Saab !
Le design, à la fois simple et sophistiqué, constitue un véritable tour de force : novateur, il renvoie dans le même temps aux fondamentaux de la marque. Par exemple, le parebrise est assez vertical et la face avant inspirée du concept Aero X donne une vraie personnalité à l’auto. Sculptée comme un galet, cette voiture semble taillée pour fendre l’air, ce qui est bien vu pour une marque fi ère de son passé aéronautique !
Le même louable effort de différenciation a valu pour l’habitacle dont tous les éléments visibles sont spécifiques. Et l’esprit Saab souffle plus que jamais avec une planche de bord assez haute mais pas trop massive dont les plastiques jouent la sobriété. Grilles d’aérateurs « maison », bouton de démarrage entre les sièges, fonction « Night Panel » (permettant d’éteindre quasiment toutes les sources lumineuses du tableau de bord en conduite de nuit), le « saabiste » retrouvera avec plaisir ses repères et cet environnement à nul autre pareil. L’instrumentation est moins sobre qu’auparavant, mais elle se révèle bien pensée à l’usage. Avec un autre clin d’oeil au monde aéronautique, sous la forme d’un tachymètre déroulant, comme dans un Airbus ! De même pour le report de l’affichage de certaines données sur le pare-brise par procédé holographique (vision « tête haute »), le tout confortant le sentiment de ne pas être au volant d’une voiture ordinaire.
Des détails à revoir
Sur la finition haut de gamme Aero de notre voiture d’essai, nous disposions de série du châssis et des sièges sport, ainsi que des roues de 19’’. Première remarque, les sièges sport sont trop fermes et leur confort en retrait par rapport à ce que la marque proposait jusqu’alors. Pour les adeptes du confort Saab, mieux vaut opter pour les sièges « normaux » des fi itions Linear ou Vector. Ensuite, quelques détails de finitions demandent à être revus (plastique au pied du pare-brise, quelques vibrations dans la console centrale). Des détails certes, mais à ce niveau de gamme, tout compte. De même, notre véhicule disposait de l’éclairage adaptatif bi-xénon (couplé aux phares tournants avec les roues). Lors d’un trajet de nuit, ce dispositif s’est plusieurs fois mis en position plein phares de manière intempestive, au grand dam des usagers que nous croisions car la puissance d’éclairage est réellement impressionnante. Nous sommes donc repassés en mode normal pour éviter tout incident… Enfin, si l’habitabilité est bonne vue la taille de la voiture, la garde au toit à l’arrière est assez réduite pour les personnes de grande taille. De plus, aux places latérales, leur tête sera masquée par le montant du pavillon ; une particularité qui n’échappera pas aux services de sécurité chargés de transporter des VIP !
Efficacité, réactivité
Dès les premiers tours de roues, la direction surprend par sa légèreté, celle-ci disparaissant au fur et à mesure que la vitesse augmente. Le 2 litres turbo d’origine Opel, fort de 220 ch, est accolé à la boîte automatique optionnelle à 6 rapports. On remarque immédiatement la douceur des passages de vitesses ainsi que la bonne réactivité de cette boîte. Lorsque la route se dégage, cette mécanique pourtant modeste (4 cylindres) donne toute sa mesure. Malgré le poids conséquent de la voiture (1 850 kg), il monte rapidement en régime dans un bruit feutré et avec une régularité exemplaire. Difficile de croire que l’on a affaire à un simple 2 litres, tant la voiture est vivante à conduire. Un état de fait que l’on doit aussi aux qualités dynamiques du châssis, qui permettent d’adopter sans hésitation un mode de conduite sportif. On se surprend même à « s’amuser » aux passages de ronds-points, ce qui n’est pas banal avec une voiture de 5 mètres de long. Il est vrai que notre voiture d’essai était équipée d’une transmission intégrale (celle de la 9-3 X) très sophistiquée, qui améliorait encore l’ordinaire. Cela posé, on reste dubitatif quant à l’utilité de la suspension pilotée qui engendre d’incessants micro-balancements nuisant au confort, un confort déjà mis à mal par les jantes de 19 pouces et les pneus taille basse. Cette finition Aero pourra paraître un peu trop radicale pour le commun des mortels. Le compromis offert sur les autres finitions (suspension non pilotée, jantes de 17’’ et sièges confort) apporte une homogénéité plus convaincante. Pour en finir, quelques mots sur notre consommation : 12,4 litres aux 100 km, au terme d’un essai étalé sur 3 jours et mené bon train. C’est évidemment plus qu’avec un diesel, mais la valeur reste très raisonnable au vu des performances et du gabarit de la voiture.
Bilan
Belle, exclusive même, cette 9-5 possède tous les attributs pour rallier les Saabistes actuels et, plus largement, les automobilistes lassés des sempiternelles Audi et Mercedes. Si elle n’est pas exempte de quelques défauts (détails de finition, confort des sièges sur Aero), on ne peut qu’être impressionné par le résultat. La 9-5 nouvelle mouture recolle aussi au peloton de tête en termes de technologie avec ses moteurs turbocompressés dernier cri et ses versions à transmission intégrale. Hor- mis le 2 litres essence Turbo essayé dans ces pages, la 9-5 est disponible avec deux autres moteurs à essence, un 1.6 Turbo
de 160 ch et un V6 Turbo de 300 ch. Côté diesel, c’est le 2 litres TTiD en version 160 ou 190 ch qui assurera le gros des ventes. Un galop d’essai a confirmé que la 9-5 Diesel, performante, homogène et économique, est bien adaptée à notre marché local. Mais n’oubliez pas pour autant le 2 litres de cet essai : un 4 cylindres gavé par un turbo, cela reste « l’essence » d’une Saab…