Carburants: la différence de prix entre super et diesel s'amenuise
PARIS - La différence entre le prix de l'essence et celui du gazole, qui vient d'atteindre un nouveau record, s'amenuise sous l'effet d'une forte demande, un paradoxe car les véhicules diesel, les préférés des Français, sont surtout choisis en raison de leur moindre coût à la pompe.
Le litre de gazole a atteint le record de 1,256 euro en moyenne, selon un relevé hebdomadaire effectué vendredi et mis en ligne mardi sur le site de l'Union française de l'industrie pétrolière (Ufip).
Soit à peine onze centimes de moins que le litre de super sans plomb 95 qui était toujours très élevé à 1,3677 euro, mais en dessous de son record du 22 février à 1,3795 euro.
"L'écart tend à se réduire structurellement. Traditionnellement, il était plutôt de 15 ou 18 centimes", souligne Jean-Louis Schilansky, secrétaire général de l'Ufip.
En cause, un déséquilibre dans la demande entre les deux types de carburants. En 2007, la demande de diesel a progressé de 2% en France tandis que celle d'essence a reculé de 5%, selon l'Ufip.
"La consommation de gazole est poussée par la diésélisation du parc automobile" et par un "différentiel de taxes" qui fait "s'effondrer la demande d'essence", note M. Schilansky.
Actuellement, 50% des voitures françaises roulent en effet au gazole, un chiffre qui ne peut qu'augmenter puisque 75% des véhicules neufs vendus dans le pays sont des diesels. Le transport routier a aussi un impact sur la demande, tous les camions roulant avec ce carburant.
Les taxes (TIPP et TVA) représentent 52% du prix du gazole et 61% de celui de l'essence. Hors taxes, le litre de diesel coûte plus cher que l'essence: 0,6223 euro le litre en moyenne contre 0,5374.
"Les marchés font leur travail. A partir du moment où vous avez une demande aussi déséquilibrée, les prix du gazole ont tendance à augmenter et le prix de l'essence à baisser. Les gens vont trouver que c'est moins intéressant d'acheter des voitures diesel", estime M. Schilansky.
Un paradoxe car les Français choisissent ce carburant pour son moindre coût, ce qui a son importance alors que les prix de tous les produits pétroliers explosent, dans le sillage de ceux du brut qui viennent de toucher un nouveau record mardi à New York, à près de 110 dollars le baril.
Si les prix du gazole augmentent structurellement, la saisonnalité de la demande a aussi son importance.
La demande en fioul de chauffage, proche du gazole et qui a lui aussi atteint un record en France à 0,8117 euro, est très soutenue en cette fin d'hiver, des deux côtés de l'Atlantique.
La consommation d'essence est elle en général plus faible en cette saison. Elle devrait repartir au printemps sous l'effet de la "driving season" aux Etats-Unis, période des grands déplacements en voiture et pic annuel de la demande.
Selon M. Schilansky, "la solution, c'est de tenter de réduire le déséquilibre des prix" en "diminuant l'écart de fiscalité" et "en produisant plus de gazole".
Mais d'après lui, on se dirige vers "une tension continue sur la demande de gazole malgré des investissements importants pour en fabriquer plus", ces dernières années.
Surtout que les autre pays européens, qui sont en retard sur la France avec une moyenne de 50% des véhicules neufs roulant au gazole "ont aussi tendance à se diéséliser".
Une situation inquiétante pour tous les professionnels qui n'utilisent que du gazole comme les agriculteurs, les pêcheurs et les routiers.
Source :
http://www.romandie.com/infos/news2/080 ... ci7by1.asp