Un peu de parisianisme n'a jamais fait de mal...

Cette situation est identique dans toutes les grandes villes et pas seulement dans le nombril de la France. Qu'en pleine campagne, certaines cohabitations difficiles n'existent pas n'enlève en rien la misère qui y est latente. Pour autant, Paris n'est pas la seule agglomération de France. Et là, pas plus (et pas moins) qu'ailleurs, la promiscuité engendre des effets pervers.
Ce choc des extrêmes peut même exister en zone non-urbaine dense. J'ai le souvenir, lorsque je travaillais dans la banlieue de Genève (1999-2000), d'une étude réalisée pour comprendre certaines tensions sociales. Bilan : entre deux couples voisins d'une zone pavillonnaire, un écart de revenu après imposition de 1 à 43 (ou 1 à 47, je ne me rappelle plus) et l'étude ne prenait pas en compte un ouvrier d'un côté et un PDG de l'autre mais deux couples dont les protagonistes étaient situés dans la même CSP+. Il est vrai que dans ce territoire, une catégorie de personnes à très hauts revenus ne paient pas d'impôts et achète tout en hors taxe (même sa baguette de pain), les diplomates. La ségrégation se fait là-bas sur le lieu de travail : tu travailles en France, tu vas en c..., tu travailles sur Suisse (sans te faire virer) et ça peut aller mieux.
J'évoquais Paris et sa banlieue pour marquer la différence avec la situation de la Creuse ou du Cantal, parce que je connais ces différentes régions. Je ne parle pas des agglomérations ou des campagnes que je ne connais pas, ce n'est pas pour dire qu'elles ne comptent pas, ou que tout y est différent. Mais quand je suis arrivé à Paris, la violence de certaines rencontres m'a sauté au visage, notamment dans les lieux où se croisent des populations qui ne se voient jamais qu'à distance, et indirectement : le riche qui fait rêver et attise la haine / le banlieusard minable ou dangereux. Dans les régions rurales désertées, ce fantasme de l'autre là-bas qui jouit de tous les avantages peut être tout aussi violent, je ne le nie pas, et au moins aussi durement ressenti, mais il trouve moins à s'exprimer directement, parce que l'autre en question reste beaucoup plus virtuel.
Concernant la question des tensions au sein d'une même catégorie sociale, c'est une évidence qu'elle existe, et c'est même là qu'elle peut prendre les formes les plus démesurées : on ne hait bien que celui à qui on s'identifie...
Pour en revenir à notre sujet, c'est peut-être aussi la raison pour laquelle le débat essence/diesel peut être aussi vif, entre Saabistes, ou entre amateurs d'automobile en général...